Conseil municipal Aurillac : débat d’orientation budgétaire

Intervention de Stéphane Fréchou au Débat d’Orientation Budgétaire

Février 2015

Monsieur Le Maire,

Vous avez fait le choix de présenter ce Débat en mettant en perspective l’économie nationale voire internationale par rapport à l’économie locale.
Nous observons que nous n’avons pas tout à fait le même regard ni les mêmes analyses de cette situation globale. Votre Rapport parle de chiffres, évoque la croissance. Il se veut bienveillant et solidaire de la politique gouvernementale qui espère vainement un retour de la croissance grâce au pacte de compétitivité et aux politiques régressives qu’il mène. Ce modèle obsolète se mesure à l’aune d’une richesse basée sur une croissance qui dans sa conception actuelle est destructrice pour notre avenir. Cette croissance est d’ailleurs surtout une croissance financière des dividendes des actionnaires qui au final freine l’investissement.
En 1982 la banque mondiale expliquait déjà ceci :
Plus le taux de croissance augmente, si vous ne regardez pas la nature de la croissance, plus vous pouvez être responsable du nombre de personnes souffrant de la faim. On ne peut pas analyser le monde avec des taux de croissance.
Cependant même si nous acceptions cette règle du jeu, il faudrait nous expliquer pourquoi la France est un très mauvais élève avec 0,5% de croissance en 2014, dans une croissance mondiale à 3,3 %.

L’État prévoit un transfert massif de l’argent consacré aux politiques publiques locales vers notamment des grands groupes financiers, industriels et commerciaux sans contrepartie ni critères sociaux ou environnementaux stricts. Il met en péril l’ensemble des budgets des collectivités locales et des investissements publics. Nous avons l’impression que la politique menée par le gouvernement ne cherche qu’à entretenir un modèle qui s’effondre sans développer une vision prospective au-delà de la diminution de l’endettement.
Nous ne sommes pas convaincu que de tenter de réduire la dette tout en continuant à subir la course à la financiarisation de l’économie ne soit pas une folie… Nous contestons cette logique et nous en constatons, avec vous, le peu d’efficacité.
Ainsi, 50 Milliards d’euros d’économies sont envisagés, entre 2015 et 2017, dont une baisse drastique de 11 Milliards d’euros de la dotation globale de fonctionnement (DGF) aux collectivités. Plus de 10 000 communes, de droite comme de gauche, se sont élevées face à l’ampleur de cette baisse historique, en relayant par exemple l’action engagée par l’Association des Maires de France, prouvant ainsi que les politiques austéritaires sont loin d’être soutenues par la majorité du pays. Nous vous appelons M. Le Maire à associer Aurillac à cette démarche qui interroge une politique manifestement inadaptée aux besoins des collectivités et des populations.

Dans ces circonstances, un recul de l’investissement public est à prévoir à long terme alors que nous devons nous engager dans la transition énergétique et écologique. Cela risque de fragiliser fortement les secteurs d’entreprise qui dépendent des projets portés par les collectivités et pénaliser de nombreuses PME. Que dire des conséquences pour l’emploi, l’économie locale, l’innovation ?
Pour la ville d’Aurillac, la baisse des dotations de l’État pourrait atteindre environ 700 000€ chaque année de 2015 à 2017. Cette saignée nous mènera, à terme, soit à réduire les investissements, les dépenses de fonctionnement et de personnel à hauteur de la baisse du soutien de l’État, soit à augmenter les impôts. Or les dépenses créent des emplois, des emprunts et de la fiscalité, toutes les économies budgétaires détruisent des emplois et limitent la fiscalité.
Dans ce contexte budgétaire de grande contrainte et au regard des enjeux énergétiques et climatiques auxquels nous avons à faire face, notre ville se doit de réfléchir à son modèle de service public, au  périmètre de ce service, avec ses habitants, les usagers des services, les agents de la collectivité dans une démarche sociale et en ne fragilisant pas les outils de la transition énergétique que nous avons à mener car la transition écologique est le domaine d’avenir.
Nous ajoutons que ces questions budgétaires ont besoin d’être mieux partagées avec les citoyenEs et nous espérons que des exercices de démocratie participative et contributive pourront être mené avec notre population, nos associations, les usagers de nos services autour des futurs choix d’investissement.
Nous sommes satisfait d’entendre que 2015 verra des points prioritaires se dégager pour Aurillac au service de cette transition (poursuite de la politique volontariste en matière d’économies d’énergie et de rénovation du patrimoine, création du réseau de chaleur à énergie bois). Nous espérons que le projet de pôle intermodal, véritable arlésienne de notre collectivité, pourra enfin voir le jour. Nous demandons également à ce que le réseau de pistes cyclables soit étendu…

Ce contexte difficile rend plus impérieux que jamais les changements de pratiques et les solutions alternatives. Les enjeux de développement durables sont de véritables moteurs et non des freins comme certains le croient.
Il faudra s’appuyer sur des expériences nouvelles et originales menées ici ou là, pour compenser la perte des dotations de l’état. Nous sommes persuadés, avec les écologistes, depuis longtemps, que la solution ne viendra plus du haut mais des territoires.

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